Dépêche AFP :
La France a été condamnée jeudi à Strasbourg "à l'unanimité" par la Cour européenne des droits de l'Homme pour n'avoir pas "protégé le droit à la vie" d'un détenu psychotique qui s'était pendu
dans une cellule disciplinaire.
Appartenant à une famille de gens du voyage, Joselito Renolde était mort le 20 juillet 2000 à l'âge de 36 ans en se pendant avec un drap à une grille de sa cellule alors qu'il se trouvait à l'isolement dans la prison de Bois-d'Arcy (région parisienne) après l'agression d'une surveillante.
Trois jours avant cette agression, ce détenu avait fait une tentative de suicide en se tailladant les bras avec un rasoir.
A cette occasion, les urgences psychiatriques diagnostiquèrent une bouffée délirante aiguë et prescrivirent des neuroleptiques. Le détenu indiqua alors aux médecins qu'il avait déjà été hospitalisé et mis sous traitement neuroleptique en raison de ses antécédents psychiatriques.
Son traitement antispychotique, maintenu en cellule disciplinaire, lui était remis deux fois par semaine pour plusieurs jours mais la prise effective des médicaments n'était pas contrôlée par le personnel médical.
Son autopsie révéla qu'il n'avait pas pris ses médicaments depuis trois jours.
De cette cellule, il écrivit à sa soeur qu'il était "à bout" et il comparait sa cellule à une tombe.
Une information judiciaire fut ouverte au cours de laquelle une expertise conclut que Roselito Renolde souffrait de troubles psychotiques aigus et que son suicide semblait résulter non pas d'un syndrome dépressif, mais d'un passage à l'acte résultant de ces troubles, surtout si le traitement n'était pas pris correctement.
Le juge d'instruction rendit cependant une ordonnance de non-lieu aux motifs que ni le personnel médical ni les services pénitentiaires n'avaient commis de faute.
La Cour européenne en a jugé tout autrement en se disant "frappée que malgré la tentative de suicide de Joselito Renolde et le diagnostic porté sur son état mental, l'opportunité de son hospitalisation dans un établissement psychiatrique n'ait même pas été envisagée".
L'absence de surveillance de la prise quotidienne de son traitement a aussi joué un rôle dans son décès, selon les juges européens qui condamnent aussi la France, à l'unanimité, pour traitements inhumains pour avoir placé en isolement et privé de toute visite cet homme qui en a éprouvé angoisse et détresse "au point d'ébranler sa résistance physique et morale".
L'arrêt de la Cour intervient après plusieurs cas récents de suicides de détenus adolescents et la révélation par l'Observatoire international des prisons (OIP) de la brutale augmentation (27%)
des suicides décomptés au premier semestre 2008 par rapport à la même période de 2007 dans les prisons françaises.