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16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 11:31

Lu dans l'Humanité :

Mohamed Allouche, mari tunisien de Nadia, française, sourde et muette, et père, par reconnaissance, de Noufel, onze ans, a finalement été expulsé vers le Maroc le 7 mai, malgré la mobilisation d’élus de Montrouge et de Malakoff (Hauts-de-Seine), des parents d’élèves et des enseignants de l’école de Noufel, des voisins, des commerçants… Pour tenter de justifier cette expulsion, la préfecture des Hauts-de-Seine est allée jusqu’à répandre des rumeurs en faisant un délinquant. Mais une centaine de parents d’élèves ont décidé de continuer les actions pour faire revenir Mohamed Allouche et appellent, en particulier, à un rassemblement chaque vendredi devant la mairie de Montrouge.


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Communiqué de RESF Montrouge :
MOHAMED, PERE D’UN ECOLIER FRANÇAIS DE 11 ANS,
MARI D’UNE FRANCAISE SOURDE ET MUETTE
EXPULSE VERS LA TUNISIE !

 
Mohamed s’est marié avec Nadia, une jeune française en 2007. Sympathique, souriante, elle vit presque comme tout le monde, conduit sa voiture mais est sourde et muette. Mohamed a reconnu son fils Naoufel dont il est devenu le papa, l’accompagnant à l’école, s’occupant de lui, en particulier dans ce que sa maman a du mal à faire. Mohamed travaille dans une pizzeria, Nadia à mi-temps dans une maison de retraite de Montrouge. Depuis peu le couple a un vrai logement, que Mohamed a entrepris de refaire en commençant par la chambre de Naoufel.
Normalement, Mohamed, parent d’un enfant français, conjoint d’une Française et soutien d’une Française handicapée aurait dû avoir des papiers. Trois fois plutôt qu’une. Mais c’était compter sans le délire des ministres de l’Identité nationale Hortefeux puis Besson qui, pour atteindre leurs objectifs chiffrés de fous organisent des rafles, vérifient l’âge osseux des enfants, épient ce qui se passe entre les couples, etc.
Le ministre du Trou de serrure fait donc ouvrir une enquête. Bâclée de toute évidence : pas d’audition du couple, « enquête » de voisinage limitée à un témoin, erreur de date de naissance. Du travail de gribouille. Mais c’est assez pour que la préfecture des Hauts-de-Seine décide que ce couple n’est pas un couple ! Mohamed est privé de papiers !
Le 15 avril, leur vie bascule. Mohamed se rend au travail, il est contrôlé au métro Chatillon-Montrouge. Le préfet des Hauts de Seine décide son expulsion. Il est enfermé dans une prison administrative pour étrangers, à Palaiseau. La mobilisation des enseignants de l’école de Naoufel, des parents d’élèves, des copains de Naoufel même, des voisins, des commerçants, des assistantes sociales qui signent des pétitions, téléphonent en préfecture, écrivent, les 20 montrougiens (dont des élus) qui se retrouvent à 9h du matin, en plein week-end du 1er mai au tribunal d’Evry pour soutenir Mohamed ? Le préfet des Hauts-de-Seine s’assoit dessus, il obéit aux ordres du ministre du Trou de serrure Besson.
Le 6 mai, on apprend que Mohamed doit être expulsé le lendemain par l’avion de 8h40. Entre 20 et 30 personnes dont des élus de Montrouge et de Malakoff se retrouvent à 5h du matin avec une équipe de France 2 devant la prison administrative de Palaiseau pour essayer de ralentir l’expulsion. Trop tard, Mohamed Allouche était parti pour Roissy à 3h30 du matin.
A 8h30 devant l’école Rabelais à Montrouge où une banderole est déployée et des tracts sont distribués, c’est la consternation. Les enfants rassemblés autour de Naoufel qui témoigne devant la caméra sont choqués. Des parents pleurent. Les directrices décident de rassembler les enfants pour leur parler et les aider à surmonter le traumatisme. Mohamed témoigne au téléphone jusqu’au moment où il est monté dans l’avion. La presse commençant à parler de l’affaire, la préfecture des Hauts de Seine fait circuler des rumeurs, les unes odieuses (Mohamed serait un délinquant international qui s’en prendrait aux femmes en difficulté…, les autres imbéciles (« il travaille dans une pizzéria sans autorisation »). Méprisable.
Ainsi, pour le moment, le ministre de la Chasse à l’enfant et son serviteur,  le préfet des Hauts-de-Seine triomphent : Naoufel a perdu le père qu’il croyait avoir trouvé, Nadia se retrouve sans mari et devant les pires difficultés et Mohamed se désespère à Bizerte.
Le ministre de la Rafle et du drapeau n’a pourtant pas encore définitivement gagné. Le soir même de l’expulsion, une centaine de parents d’élèves de l’école Rabelais et des Montrougiens se retrouvaient pour envisager la suite et exiger le retour immédiat de Mohamed. En plus des actions qui seront conduites, un rassemblement se tiendra tous les vendredis de 18h à 20h autour du kiosque devant la mairie de Montrouge, jusqu’au retour de Mohamed Allouche.

Cette affaire honteuse de maltraitance d’une famille n’est ni un accident ni une bavure. Elle est la conséquence directe de démagogie sarkozyste contre l’immigration depuis des années. En matière de danse du ventre, pour séduire les électeurs de Le Pen, il faut faire toujours plus fort. Hortefeux misait sur le caractère massif des expulsions (20 000, 25 000, 30 000… qui dit mieux ?), Besson y ajoute l’acharnement dans les cas individuels. Pour Besson, c’est chaque famille, chaque enfant, chaque parent qui doit être persécuté, méthodiquement, sans faiblesse, comme il le dit.  Emprisonner un  bébé de 4 mois à Nîmes ? Besson est content, et quand un juge le libère, Dati, la collègue de Besson, fait appel. Interner des jumeaux de 14 ans et une fille de 8 ans (à Rennes) avec leurs mères tchétchènes ? Le ministre de la Chasse à l’enfant s’en félicite. De même, M. Besson est-il sans doute très fier d’avoir réussi l’expulsion d’Ammar, Marocain de 27 ans, mari d’une jeune femme qui vit en France depuis l’âge d’un an et père de deux filles (3,5 ans et 1 an) nées en France. Depuis mai 2008, Ammar a subi, dans le désordre,  5 arrestations, 5 garde à vue, 4 placements en rétention, deux tentatives d’expulsion avortées, un mois puis deux mois de prison ferme pour refus d’embarquer, deux expulsions réussies.
Au-delà de la satisfaction du ministre et de ses collaborateurs de réussir si bien toutes ces horreurs et tant d’autres, la question de pose de savoir où cela s’arrêtera. Jusqu’où les fonctionnaires, ceux de police mais aussi ceux des préfectures et les hauts fonctionnaires accepteront d’aller ?
C’est une vraie question. Elle est de celles qu’ils doivent se poser. Mais qu’il faut aussi leur poser. Comme à ceux qui gouvernent.

Les enfants et les parents sans papiers ne sont pas seuls, hélas, à être maltraités. Les lycéens à qui on refuse, à 18 ans, le droit à la poursuite de leurs études et à vivre leur vie ici le sont tout autant.

Des milliers de jeunes doivent retrouver le droit de vivre et de rêver !
REGULARISATION !

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