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22 novembre 2007 4 22 /11 /novembre /2007 18:52

christine-eymard.jpgLors de la conférence organisée sur les droits de l'enfant, Christine Eymard, pédopsychiatre-psychanalyste a rappelé que "la loi de mars 2007, qui réforme la Protection de l’Enfance, fait de la prévention l’axe majeur de la protection de l’enfant : il s’agit de prévenir les risques de mise en danger de l’enfant, pour éviter qu’ils surviennent, ou au moins de limiter leurs effets. Ce n’est pas un hasard si cette loi est promulguée en même temps que celle sur la prévention de la délinquance. Or la prévention, ce  n’est en aucun cas la répression.
La prévention est une notion délicate :
Il s’agit de repérer, identifier, dépister, des difficultés qui peuvent survenir dans le développement de l’enfant :
retard psycho-moteur, retard de parole ou de langage, troubles du   comportement, difficultés dans les apprentissages. Ces difficultés peuvent être l’expression d’une souffrance de l’enfant.
La prévention commence  dans le milieu où est l’enfant : sa famille (il s’agit d’informer les parents), mais aussi à la crèche, l’école, le centre de loisirs… Et elle finit là où commence le soin.
Elle doit avoir lieu le plus tôt possible c'est-à-dire pendant tout le temps du développement de l’enfant, depuis
la naissance et avant, jusqu’à l’âge adulte.
Comment ne pas se tromper, quels sont les risques d’erreur, les écueils ? 
C’est essentiellement confondre :
-  le normal et le pathologique
-  éduquer et soigner
Pour éviter ces erreurs, il s’agit pour les familles de s’informer : demander des avis, et pas seulement celui de la meilleurs copine…
Avoir des avis, en particulier de consultations pluri-disciplinaires, dont l’intérêt réside dans le fait qu’il s’y pratique  un travail d’équipe, qui permet d’avoir à la fois l’avis de psychologue, de pédo-psychiâtre, de psycho-motricien, et d’orthophoniste,  par des bilans qui peuvent être pratiqués pour explorer telle ou telle particularité de l’enfant ou de l’adolescent.
Ce travail de consultation d’un CMPP est à part entière un travail de prévention…il peut être l’occasion de dédramatiser un problème mineur, comme être aussi bien l’occasion d’éviter que d’autres problèmes ne s’aggravent s’ils ne sont pris à temps.
Une même symptomatologie peut recouvrir différents problèmes chez un enfant. Ce sera là, l’expérience clinique du praticien, qui permettra de faire la différence entre des signes bénins, et d’autres signes paraissant plus préoccupants.
Par exemple, devant un même trouble, la turbulence, des praticiens de formations différentes proposeront  soit des entretiens psychothérapiques individuels ou familiaux, soit des séances de psycho-motricité,  soit des médicaments, soit un internat thérapeutique…  
Il faut donc oser demander des avis.
Qu'est-ce qu'un enfant en souffrance ?
Ce n’est pas toujours évident à repérer, car ce ne sont pas les enfants les plus démonstratifs, au comportement le plus difficile, ou ceux qui paraissent les plus insupportables, qui sont forcément les plus inquiétants. Les enfants « trop sages », repliés sur eux-mêmes, trop apathiques ou passifs, doivent tout autant être pris en compte. A partir d’un symptôme initial, quelquefois d’importance contingente, il s’agit d’entrer dans le problème posé par l’enfant, en fonction d’une situation donnée et d’une histoire spécifique.
Il est essentiel de resituer tout symptôme dans son contexte, familial, historique, pour pouvoir repérer la demande de l’enfant, qui reste souvent à décrypter :
- soit il s’agit du développement normal ; par exemple chez  l’enfant de 2 ans qui jette des objets, tape les autres qui s’approche de son doudou, ou même qui mord un autre enfant une fois ou deux …
- soit le symptôme  devient signe d’appel d’un mal être naissant, d’une souffrance enkystée: si  à 4-5 ans il donne toujours des coups de pieds à tout bout de champ, ou mord systématiquement tous les enfants … Ce n’est pas forcément un enfant mal éduqué ou un futur délinquant, mais un enfant confronté à une difficulté dans son rapport à l’autre, qu’il convient de prendre en compte. Car l’enfant ne dira pas « j’ai des angoisses » ! Tout au plus « j’ai mal au ventre » dans certains cas.
Question de dosage, de durée, d’installation.
La construction identitaire d’un jeune enfant passe par l’apprentissage de l’altérité : c'est-à-dire ses relations aux autres.
L’agressivité, si elle peut être énergie vitale,  peut tourner à la violence et à la destructivité, si elle n’est pas  transformée, civilisée, contenue, par des cadres et des interdits.
La difficulté réside dans la différenciation entre normal et pathologique, mais aussi entre éduquer et soigner.
Le rôle éducatif des familles et des enseignants est majeur : ils doivent savoir prendre en compte l’opposition des enfants, le refus, la désobéissance, qui font partie des bases de la construction individuelle.
Seuls les enfants présentant une réelle souffrance psychique sont pris en charge par des structures de soins et peuvent entrer dans le champ de la pédo- psychiatrie : troubles graves du sommeil, de l’alimentation, signes dépressifs, ou traits autistiques…ou psychotiques."

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