Le poète Edouard Glissant qui vient de décéder, déclarait sur la relation avec l'évolution du monde :
"Ce qui caractérise les temps modernes, c'est que plus nous connaissons le monde et plus nous sommes ramenés à une espèce de nécessité qui est de décider par nous-mêmes, au fond de
nous-mêmes, sans l'aide d'aucun système, religieux par exemple. Ca ne veut pas dire qu'on n'est pas religieux, ça veut dire que l'unanimité religieuse ne marche plus. Ce qui marche, c'est la foi
personnelle et dans ce cas, il nous reste l'intuition et la divination de notre rapport à nous-mêmes, à l'autre, à autrui qui peut être notre voisin mais aussi à l'autre lointain, encore inconnu
et que peut-être nous ne connaîtrons jamais mais qui est là, présent à nos consciences, à notre inconscient et au monde.
[...]
Alors, quels combats peut-on mener dans le sort et la situation nouvelle du monde ? Je vais essayer, comme je vous le répète, avec une pensée balbutiante, tremblante, pas sûre d'elle-même, qui me semble être la seule forme de pensée possible pour l'approche du monde... On ne peut pas approcher le monde avec des pensées systématiques, idéologiques ; on a essayé et on a vu les catastrophes que ça a entraîné, - il faut palpiter du palpitement même du monde, comme disait Aimé Césaire, il faut trembler du tremblement même du monde, pour essayer de comprendre et de voir ce qui se passe en nous, autour de nous et avec nous".
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